Selon Marc-André Villard, biologiste spécialisé en écologie forestière de l’Université du Québec à Rimouski, les pratiques forestières du Nouveau?Brunswick portent préjudice aux populations d’oiseaux.
En décembre, M. Villard a indiqué sur CBC’s Shift que les coupes à blanc et la conversion des forêts mixtes en zones de culture nuisaient à l’habitat et à la capacité de se déplacer dans la nature des oiseaux. Il a également discuté des travaux de recherche réalisés dans son laboratoire concernant les conséquences des changements du paysage forestier, plus particulièrement sur la paruline couronnée et différentes espèces de pics.
La paruline couronnée, un oiseau chanteur qui construit son nid sur le sol forestier et se nourrit d’invertébrés, se déplace plus fréquemment dans les forêts mixtes que dans les zones de culture, car le sol des plantations abrite moins d’invertébrés.
Le pic (pic chevelu, pic mineur, grand pic, pic flamboyant, pic à dos rayé et pic maculé, pour ne nommer que quelques?unes des espèces qui peuplent les forêts du Nouveau?Brunswick) est un autre oiseau forestier touché par les pratiques forestières qui entraînent une modification du paysage et une réduction des arbres morts ou des arbres anciens. Or, la diminution de ces arbres porte préjudice non seulement aux pics, qui se nourrissent d’insectes et d’araignées, mais aussi aux autres oiseaux qui se servent des cavités pour y faire leur nid.
Pendant 15 ans, M. Villard a fait partie du comité consultatif sur la recherche forestière de J.D. Irving Ltd. et s’est publiquement prononcé en défaveur de la stratégie forestière du gouvernement du Nouveau-Brunswick de 2014, car les scientifiques n’avaient pas été préalablement consultés. Cette politique a, du reste, provoqué une diminution du taux de conservation des terres de la Couronne, qui est passé de 28 % (niveau de 2012) à 23 %.
Matt Betts, un autre écologiste forestier qui a participé à la rédaction de rapports pour le Conseil de conservation, dont “Working with the Woods: Restoring Forests and Community in New Brunswick” (Restaurer les forêts et les collectivités du Nouveau?Brunswick en collaboration avec les forêts) et est maintenant professeur adjoint au département des écosystèmes forestiers et de la société de l’Université de l’Oregon, a estimé que la stratégie forestière de 2014 constituait un changement radical et une expérience susceptible de donner lieu à l’extinction de certaines espèces d’oiseaux locales et d’autres animaux sauvages de la province.
Dans son rapport de 2015, dans lequel elle recommande des améliorations des normes d’aménagement forestier, pour autant qu’elles soient scientifiquement fondées, la vérificatrice générale du Nouveau?Brunswick, Mme Kim MacPherson a cité en référence les nombreuses études et recommandations qui demandaient la réduction des coupes à blanc sur les terres de la Couronne.
Alors que les Néo-brunswickois attendent les conclusions de la promesse du gouvernement Gallant de réviser et, éventuellement, de modifier le plan forestier de 2014, le Conseil de conservation exprime son accord avec la position de M. Villard, selon laquelle il n’est pas trop tard pour assurer la préservation de la biodiversité forestière, dont celle des oiseaux chanteurs, des pics et des hiboux, et, à l’instar de ce dernier, espère qu’à partir de maintenant, le gouvernement accordera la priorité au public et aux scientifiques en prenant des décisions liées à l’aménagement forestier. La
Loi sur les terres et forêts de la Couronne a besoin d’être mise à jour de façon à ce que le public ait son mot à dire sur la protection des oiseaux et de la diversité des formes de vie qui peuplent nos forêts.