Des groupes de conservation du N.-B. demandent au gouvernement provincial de s'engager à mettre en place une stratégie de gestion forestière transparente et intégrée, ancrée dans la biodiversité, la conservation, la co-gérance autochtone et les pratiques forestières écologiques.
Territoire traditionnel des peuples Wabanaki/Fredericton — Alors que le Nouveau-Brunswick accueille cette semaine à St. Andrews les ministres des forêts de tout le pays, des groupes de conservation demandent au gouvernement provincial d’assumer son rôle de chef de file et de respecter ses engagements antérieurs en matière d’action climatique pour les forêts, d’objectifs de conservation, de biodiversité et d’exploitation forestière durable. Cela doit se faire par le biais d’une stratégie de gestion intégrée et écologique pour les forêts du Nouveau-Brunswick, avec consultation et engagement transparents auprès des peuples autochtones et du public.
Les organisations – la Société pour la nature et les parcs du Canada – section du Nouveau-Brunswick, la Fondation pour la protection des sites naturels du Nouveau-Brunswick, le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick et Nature NB – sont unies dans la conviction que le Nouveau-Brunswick a besoin d’une nouvelle façon de gérer les forêts qui nous entourent et qui nous soutiennent tous. L’élaboration d’une stratégie de foresterie écologique pour la gestion des forêts de la Couronne devrait se faire par le biais d’un processus public cohésif axé sur les stratégies et les initiatives déjà promises ou en cours par le gouvernement provincial, notamment :
- Un rapport sur l’état des forêts, promis depuis 2016 et dont la plus récente publication était prévue pour avril 2023, servira de point de départ pour évaluer l’état des forêts et la mesure dans laquelle elles répondent aux besoins de la nature et des gens ;
- Le plan d’action sur les changements climatiques mis à jour s’est engagé à renouveler la stratégie sur la biodiversité qui date de près de 14 ans d’ici 2025, à publier une évaluation de la valeur du stock de carbone des forêts et des terres humides du N.-B. d’ici 2025 et à fixer un nouvel objectif en matière d’aires protégées d’ici 2024 ;
- Une nouvelle Loi sur la durabilité des terrains boisés avec des engagements de nouveaux financements pour aider les propriétaires de boisés à gérer les forêts privées; et,
- Un conseil consultatif des forêts de la Couronne qui impliquera des experts représentant la diversité des valeurs publiques afin de guider l’orientation de la gestion forestière.
Si le Nouveau-Brunswick met à jour la stratégie forestière de la province sans tenir compte de ces autres engagements essentiels et connexes, nous risquons d’avoir une stratégie disparate, inefficace et qui n’est rien d’autre qu’un plan de coupe d’arbres.
Les groupes de conservation demandent une réduction significative des coupes à blanc, l’élimination des herbicides à base de glyphosate dans les forêts, des objectifs légiférés pour augmenter la coupe sélective, de nouvelles aires protégées pour sauvegarder l’habitat de la faune et de la flore, et plus d’équité et d’opportunités pour les propriétaires de boisés privés et les communautés autochtones. Ces mesures contribueraient grandement à remédier aux échecs de l’approche actuelle de la gestion des forêts de la Couronne au Nouveau-Brunswick, une approche démodée qui favorise les grandes industries.
« La perte de plantes et d’animaux dans le monde entier et dans nos propres forêts est énorme, et nous ne pouvons plus ignorer la nécessité d’un changement. Le Nouveau-Brunswick a l’occasion d’être un chef de file en matière de gestion durable des forêts en élaborant une nouvelle stratégie encadrée par des objectifs de biodiversité et de conservation, » déclare Stephanie Merrill, directrice générale de la Fondation pour la protection des sites naturels du Nouveau-Brunswick. « Il est essentiel que le gouvernement collabore avec les nations autochtones et les propriétaires de boisés privés pour nous mettre sur la voie de forêts saines et résilientes aux changements climatiques. Ces riches habitats sont la base de nos communautés et servent de refuge aux espèces que nous chérissons dans notre province. Il est temps de les gérer de manière à ce qu’ils restent des forêts pour tout le monde. »
« Les objectifs essentiels d’une stratégie de gestion forestière sont de veiller à ce que le Nouveau-Brunswick fasse sa part pour arrêter et inverser la perte de nature, pour protéger des forêts et des terres humides plus diversifiées, et pour être juste avec les communautés autochtones, les propriétaires de boisés privés et les utilisateurs récréatifs des forêts, en plus de promouvoir une industrie du bois durable, » déclare Roberta Clowater, directrice exécutive de la Société pour la nature et les parcs du Canada – Section N.-B. « Si la province élabore une nouvelle stratégie de gestion forestière distincte des stratégies relatives à la nature et au climat, elle sera vouée à l’échec pour la forêt, ses animaux et les Néo-Brunswickois. »
« Une recherche évaluée par un comité de lecture, menée par des scientifiques de l’Université du Nouveau-Brunswick et publiée le mois dernier dans Nature, a révélé qu’une forêt mixte diversifiée est nettement meilleure que les plantations de résineux en monoculture pour stocker le carbone, un élément crucial et un engagement du travail d’atténuation des changements climatiques du gouvernement, » déclare Louise Comeau, codirectrice exécutive du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick. « Une forêt acadienne saine est un atout pour l’action climatique au Nouveau-Brunswick et doit être protégée en tant que telle. »
« Le gouvernement a fait preuve d’un engagement ferme à l’égard de la protection de la nature en respectant sa promesse de doubler le nombre d’aires protégées à 10 % à la fin de l’année dernière, mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs historiques de protection de la nature établis en décembre dernier lorsque Montréal a accueilli la conférence mondiale de l’ONU sur la biodiversité, » déclare Vanessa Roy-McDougall, directrice générale de Nature NB. « Tirons parti de l’élan du programme Patrimoine naturel du Nouveau-Brunswick et traçons la voie pour atteindre l’objectif international de protection de 30 % des terres et des eaux d’ici 2030. »
Clowater et Merrill sont à St. Andrews aujourd’hui et mardi pour participer aux sessions du Forum forestier et sont disponibles pour des entrevues.
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FAITS EN BREF
- Un sondage d’opinion mené par Oracle for Research en 2022 a montré que 75 % des Néo-Brunswickois sont favorables à la révision de la Loi sur les terres et forêts de la Couronne afin d’établir un nouveau système forestier écologique au Nouveau-Brunswick. Soixante-dix-huit pour cent souhaitent que le Nouveau-Brunswick respecte l’engagement du gouvernement fédéral de protéger 25 % de son territoire pour la nature d’ici 2025.
- Même avec les nouvelles zones de conservation de la Couronne créées en 2022 qui ont doublé les aires protégées à 10 %, le Nouveau-Brunswick se classe toujours près de la dernière place au pays en termes de proportion de terres de conservation juridiquement contraignantes à l’intérieur de ses frontières.
- Dans son rapport de novembre 2021 à l’Assemblée législative, le Comité permanent des changements climatiques et de l’intendance de l’environnement a recommandé la mise en œuvre d’une combinaison de foresterie écologique et de nouvelles zones protégées interconnectées pour veiller à ce que les forêts de feuillus et les forêts mixtes restantes du Nouveau-Brunswick ne soient pas converties en plantations de résineux.
- Le vérificateur général du Nouveau-Brunswick a signalé en 2015, puis en 2021, qu’environ 80 % des forêts de la Couronne sont exploitées par coupe à blanc, tandis que les coupes sélectives et partielles diminuent considérablement, même si ces dernières méthodes sont reconnues comme des pratiques de gestion optimales parce qu’elles protègent les terres humides et les cours d’eau, l’habitat de la faune et préservent une gamme saine de plantes et d’animaux dans les bois.
- En 2022, la pulvérisation d’herbicides à base de glyphosate sur les forêts de la Couronne du Nouveau-Brunswick a augmenté de 30 % par rapport aux niveaux de 2005, selon les données de la Base de données nationale sur les forêts et de GeoNB.
- En 2016, le plan d’action sur le glyphosate du médecin hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick a révélé que le Nouveau-Brunswick utilise plus de glyphosate par hectare de forêt récoltée que n’importe quelle autre province du Canada.
- Le plan d’action sur les changements climatiques révisé du Nouveau-Brunswick, publié en septembre 2022, s’est engagé à mettre à jour la stratégie sur la biodiversité d’ici 2025, à publier une évaluation de la valeur du stock de carbone des forêts et des terres humides du Nouveau-Brunswick d’ici 2025 (y compris un suivi et des rapports réguliers sur la valeur du carbone de la forêt), et à fixer un nouvel objectif en matière d’aires protégées d’ici 2024.
- De nouvelles recherches évaluées par un comité de lecture et menées par des scientifiques de l’UNB montrent qu’une forêt fonctionnellement diversifiée et uniformément mélangée, telle que la forêt acadienne naturelle et mixte, peut améliorer la séquestration du carbone dans le sol minéral jusqu’à 32 % et la séquestration de l’azote jusqu’à 50 %, ce qui souligne l’importance de la conservation et de la promotion de la biodiversité forestière pour atténuer les changements climatiques.
CONTACTS DES MÉDIAS:
Roberta Clowater, directrice exécutive de la Société pour la nature et les parcs du Canada – Section N.-B | rclowater@cpaws.org | (506) 446-5109
Corey Robichaud, Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick | corey.robichaud@conservationcouncil.ca | (506) 458-8747
Vanessa Roy-McDougall, Nature NB | executive.director@naturenb.ca | (506) 459-4209
Stephanie Merrill, Fondation pour la protection des sites naturels du Nouveau-Brunswick | stephanie.merrill@ntnb.org | (639) 916-2477