Récemment le Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC) un organisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé un herbicide largement déversé chaque année sur les forêts du Nouveau-Brunswick dans la catégorie des produits chimiques qui posent un risque cancérogène pour l’humain.
Le volume 112 des Monographies du CIRC fait état de la recherche et de l’évaluation et un résumé a été publié dans la revue scientifique Lancet Oncology.
Le glyphosate, vendu sous les noms Roundup, Vision, et Vision Max, est un herbicide non-sélectif utilisé en agriculture, en sylviculture, sur des gazons et dans les parcs et zones de loisirs. C’est l’herbicide le plus utilisé au monde.
Le 25 mars 2015, le groupe de travail du CIRC composé de 17 experts provenant de 11 pays a classé le glyphosate dans la catégorie «cancérogène probable» en s’appuyant sur la recherche faite sur les animaux et sur les humains. Plusieurs études, notamment une étude canadienne ont observé un lien entre l’exposition des travailleurs au produit et une augmentation du risque d’un lymphome non hodgkinien.
«Le glyphosate peut être absorbé par l’organisme et on en a retrouvé dans le sang et dans l’urine de travailleurs qui sont exposés à ce produit » explique Inka Milewski, la conseillère scientifique du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick. «Le glyphosate cause le cancer en endommageant les chromosomes (ADN) ce qui peut entrainer des mutations qui mènent au cancer. Les travailleurs ne sont pas les seuls affectés. Les experts du CIRC font état d’une recherche de l’année 2009 démontrant des altérations chromosomiques chez les résidents de plusieurs communautés à la suite de l’épandage aérien du glyphosate.»
Les herbicides sont utilisés dans les forêts du Nouveau-Brunswick depuis les années1970 quand le gouvernement a autorisé les entreprises de pâtes et de papiers de couper à blanc la fôret naturelle et de la remplacer par des plantations. Près de 13,000 hectares de la forêt de la Couronne de la province en sont arrosés chaque année. L’épandage par des hélicoptères sur près de 25 pour cent (%) des terres à bois d’oeuvre coupé au cours de l’année est fait pendant environ 40 jours aux mois d’août et septembre.
Le Conseil de conservation réclame une interdiction du glyphosate dans les forêts de la Couronne provinciale. «Les politiques et la règlementation sont en retard sur la connaissance scientifique que nous avons de plusieurs polluants dans notre environnement. Les législateurs et agences de règlementation ont trop souvent, trop attendu, avant de prendre des mesures de protection de la santé publique. Nous n’avons qu’à penser au plomb, au dichloro-diphényl-trichloréthane (DDT) au radon, à la dioxine et à la fumée de cigarette.» ajoute Milewski.
Selon Tracy Glynn, la directrice de la campagne de conservation de la forêt du Conseil de conservation il est grand temps d’interdire l’épandage aérien d’herbicide sur nos forêts : « Le Québec a banni l’utilisation du glyphosate en 2001 et a recours à des équipes de débroussaillage. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a récemment mis fin au financement de l’épandage d’herbicide sur les forêts de la province et vise maintenant à obtenir une certification environnementale FSC qui exige une absence d’herbicides dans ses forêts. Malheureusement, ici au Nouveau-Brunswick on persiste à subventionner la sylviculture sur les terres de la Couronne avec entre autres, l’épandage, pour lequel selon les chiffres de Ressources naturelles du Canada la province défraie près de 1 000$ par hectare.
Au cours des dix dernières années, trois pétitions signées par des milliers de Néo-brunswickois à l’encontre de l’épandage d’herbicides sur nos forêts ont été déposées à l’Assemblée législature du N.-B. La dernière a été présentée en 2011. Des résidents du comté de Kent ont récemment risquer l’arrestation et doivent maintenant payer de fortes amendes parce qu’ils ont essayé d’arrêter l’épandage sur leurs terres.
«Les Néo-brunswickois tiennent à la création de bons emplois et à la protection de leur santé et de celle de la forêt. Le simple bon sens veut que nous fassions comme nos voisins en ayant recours à des équipes de débroussaillage plutôt qu’à des produits chimiques cancérigènes.» a déclaré Tracy Glynn.
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