De la Baie des Chaleur à Cap Tourmentin, les exemples ne manquent pas.
En novembre 2018, lors de la Conférence sur l’économie bleue au Kenya, le premier ministre Justin Trudeau a fait la déclaration suivante : « Bâtir une économie bleue consiste à capter le potentiel inexploité de nos océans, nos mers, nos lacs et nos rivières dont notre pays profite abondamment. Ainsi, nous pourrons améliorer la vie de tous, particulièrement celle des femmes, des jeunes, des peuples autochtones et de ceux qui habitent dans les pays en développement. Une économie bleue nous donne également la chance de mettre à profit les dernières innovations, les progrès scientifiques et les pratiques exemplaires pour créer une plus grande prospérité économique et préserver nos eaux pour des générations. Bâtir une économie océanique durable est un défi mondial que nous devons relever ensemble. Le Canada est déterminé à faire sa part et à travailler avec ses partenaires »
Aujourd’hui, alors que nous vivons la pandémie de la COVID-19, nous voulons réfléchir à la place et à la définition de l’économie bleue dans les Plans de relance économique. Cette économie est celle qui nous relie aux écosystèmes marins, que ce soit par les activités de pêches, la transformation des produits de la mer, l’aquaculture, le transport maritime, le tourisme, sans oublier la conservation de nos milieux marins.
Tous ces secteurs sont touchés et leur dépendance aux marchés mondiaux a entravé leur capacité à fonctionner normalement : tel un effet de loupe, cette crise nous montre à quel point l’économie bleue est précaire et comment la question de la santé est étroitement reliée à notre environnement et nos communautés. À titre d’exemple soulignant l’importance de l’économie bleu au Nouveau-Brunswick, le secteur de la pêche commerciale représente à lui seul des retombées de 546 M$ annuellement (Gouvernement du NB, 2017). Plus largement, le secteur océanique du Nouveau-Brunswick génère 1,1 milliard de dollars en produit intérieur brut (PIB) direct et indirect, 25 500 emplois équivalents temps plein, et 950 millions de dollars en revenus gagnés (Gouvernement du Canada et Gouvernement du Nouveau-Brunswick, 2010).
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En fait, un emploi sur quatorze au Nouveau-Brunswick dépend directement ou indirectement des océans. Par ailleurs, selon un sondage récemment publié avant la pandémie par Ocean North, 99% des citoyens du Canada Atlantique reconnaissent l’importance de l’océan pour l’économie de leur région, tout en soutenant fermement une protection marine accrue (63% des répondants).
Aujourd’hui, ces préoccupations sont encore plus importantes, avec l’absence de marchés d’exportation des produits de la mer aux États-Unis, en Asie et en Europe, de nombreuses familles sont touchées directement par des revenus plus limités.
En même temps, les familles de travailleurs temporaires étrangers se sont trouvés pris en otage par les mesures de précautions pour limiter la propagation du virus, ils sont pourtant des acteurs très importants du secteur de transformation des produits de la mer (entre 35 % et 45 % de la main d’œuvre) et en assurent la viabilité. Cette crise est aussi un test pour la nouvelle loi des pêches puisque ses grands principes doivent servir de base pour les Plans de relance économique afin de faire perdurer les retombées locales et éviter la capture de ces richesses par des intérêts privés.
Valoriser la consommation de produits locaux, de la mer à l’assiette, est une option à retenir pour favoriser la résilience de ces industries. Cela dit, pour valoriser ces produits encore faut-il qu’ils soient inscrits dans un processus de certification durable avec une traçabilité claire. Elles doivent être suffisamment diversifiés, transformée localement et à un prix accessible pour pouvoir être consommés à longueur d’année. Il faut se rappeler que quand on parle de pêche au Nouveau-Brunswick, on parle de deux principaux crustacés, le homard et le crabe, qui à eux deux représentent 42 % des débarquements totaux (Gouvernement du Nouveau-Brunswick, 2017). Le hareng de l’Atlantique, quant à lui, représente près de 30 % des débarquements mais l’ états des stocks se retrouve dans une situation très critique avec des prévisions de déclin des stocks d’ici 2025.
Les changements climatiques s’ajoutent à ce contexte particulièrement fragile. Ils se traduisent par la diminution du couvercle de glace, la hausse des températures de la mer, la modification des courants marins, l’augmentation de la fréquence du nombre de tempêtes et l’élévation du niveau de la mer.
L’augmentation atmosphérique du CO2, un des principaux contributeurs à ces changements climatiques, joue aussi un rôle important dans le changement de la chimie des océans. La production excessive de pollution par le carbone (le « C » du CO2) que nous créons est absorbée par les océans, où elle réagit au contact de l’eau pour former un acide instable : l’acide carbonique. Or, un niveau excessif d’acide carbonique dans l’eau provoque deux choses : l’eau devient plus acide, et la quantité de carbonate de calcium diminue. Cette réduction en carbonate de calcium, qui est une importante composante de la carapace, de la coquille et du squelette de nombreux organismes marins (planctons, mollusques, crustacés, coraux) fait en sorte que ces derniers seront alors fragilisés tout au long de leur croissance.
En tant que 3e province du Canada la plus émettrice de CO2, derrière l’Alberta et la Saskatchewan, nous devons comprendre la relation entre nos activités, qui produisent des impacts sans précédents sur la biodiversité marine, les écosystèmes et l’économie bleue dont nous dépendons (GIEC, 2019).
Alors que l’océan nous a permis de prospérer et qu’il est aujourd’hui plus que jamais menacé, l’effort principal doit être mis dans la réduction des émissions ainsi que dans la conservation et la restauration des écosystèmes marins pour une économie bleu durable, résiliente et équitable. Ainsi, nous devons soutenir les efforts des chercheurs, de petites ONG environnementales, des citoyens, des leaders qui pressent le gouvernement à baisser ses émissions de 45 % d’ici 2030.
De la Baie des Chaleur à Cap Tourmentin, les exemples ne manquent pas. On pense aux pêcheurs membres de la coopération d’énergie renouvelable de Lamèque, aux ostréiculteurs qui réduisent l’empreinte énergétique de leurs écloseries, aux investissements faits par Conservation de la Nature du Canada pour la protection de l’estuaire de Tabusintac, des tourbières côtières de l’Ile Miscou, des marais salés de Pokemouche, des vasières de Pointe à Bouleau. Nous y gagnons tous lorsque ces tourbières, habitats côtiers et zones humides sont mises en valeur puisqu’elles constituent des puits de carbones avec des taux de séquestration de carbone jusqu’à 10 fois plus élevés que ceux des écosystèmes terrestres.
C’est par le soutien et la multiplication des actions de ce genre que nous serons plus résilients face aux pandémies mondiales et face aux crises environnementales à venir. Reconnectons-nous avec nos écosystèmes pour les protéger, les restaurer. Nous serons ainsi aligné avec l’épanouissement d’une économie bleue durable..
Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick
Le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick fête ses 50 à titre d’organisation sans but lucratif. Nous sensibilisons la population du Canada atlantique aux problèmes environnementaux et proposons des solutions pratiques fondées sur la recherche, l’éducation les interventions. Nous croyons que l’avenir de toute vie dépend de l’équilibre entre l’activité humaine et les limites écologiques. Créé en 1990, le Programme de protection marine du Conseil de conservation est l’un des principaux porte-voix des collectivités côtières; ils houe un rôle de premier plan pour la préservation de la santé des écosystèmes océaniques et la durabilité des pêcheries de la baie de Fundy et du Golfe du Saint-Laurent.
Le CCNB promet une économie bleue durable en soutenant les efforts :
1- de réduction des émissions de carbone pour stopper l’acidification et le réchauffement des océans
2- d’une gestion de la filière des pêches qui assure la viabilité des communautés de pêcheurs pour les générations à venir ( reconstitution des stocks et prise de décisions fondée sur la science)
4- de l’élimination des plastiques à usage unique et d’une meilleure gestion du macro plastique
3- de la protection et la conservation des habitats marins
6- de lutte contre la contamination chimique, et les espèces envahissantes
5- d’une gestion du secteur du tourisme dans une perspective de développement régional et qui tiennorganiquesent compte des systèmes naturels qui nous soutiennent tous
6- de l’utilisation littéracie des océans pour réaliser chacune des actions précédentes.